
Isabelle Campagnola-Savon, conseillère régionale : «Nous souhaitons rendre le port encore plus compétitif»
Le président de la région Provence Alpes Côte d’Azur, Renaud Muselier, a confié à Isabelle Campagnola-Savon, Conseillère Régionale représentante de la région au sein du conseil de surveillance du GPMM, la responsabilité d’une mission spéciale pour tous les dossiers ayant trait au port de Marseille-Fos. Son ambition est de travailler avec tous les acteurs concernés et de favoriser la croissance économique pour rendre le port encore plus compétitif et attractif. Entretien avec une élue déterminée et pugnace.
Marseille plus : une nouvelle mission vous a été confiée portant sur le développement du port de Marseille. C’est une mission à laquelle vous êtes très attachée semble-t-il ?.
Effectivement, c’est un dossier qui m’a récemment été confiée par Renaud Muselier (en novembre 2022) une mission dont je mesure la tache immense bien sur, mais pour être tout à fait honnête je reconnais la chance que j’ai de pouvoir travailler auprès de toutes les instances et partenaires de la place portuaire car l’enjeu est fondamental pour l’économie de notre territoire.De manière a mieux comprendre ces enjeux en terme de développement économique , il convient en fait de revenir à l’origine de ce port, l’origine de cette ville érigée il y a 2600 ans. C’est sur ce port de Marseille que la ville s’est développée et a généré une véritable dynamique économique qui lui a permis de traverser les siècles. Son port c’est sa richesse, avec de l’activité, de l’emploi du commerce et de la culture. Aujourd’hui encore nous retrouvons avec ce port les mêmes atouts c’est la raison pour laquelle, les collectivités, le GPMM et les acteurs portuaires doivent travailler de manière collective car la croissance de cette ville et de ce territoire passe par la croissance et le développement de ce grand port. Ils sont indissociables.
Marseille plus : il existe cependant un hiatus, semble-t-il, entre la ville et son Port n’est-ce pas ?
Aujourd’hui, c’est un fait, nous sommes confrontés à une ville qui oppose les activités du GPMM à ses habitants. Il faut pourtant que les marseillais soit fiers de leur port et de la richesse dont la ville bénéficie sans compter les territoires adjacents car il y a un attrait économique exceptionnel, il ne faut pas rester dans le dénie ou dans le dogme.
Marseille plus : qu allez vous faire désormais ?
Le grand Port maritime représente un formidable gisement d’emplois, 42 000 directs, 18 000 sur le bassin est et 24 000 sur le bassin ouest sans compter les emplois induits. On y trouve de très nombreux métiers liés au maritime (26 à ce jour) qui sans le port ne existeraient pas. Cependant notre objectif à tous et collectivement et de continuer à travailler de manière à conserver ces emplois et à rendre ce grand port encore plus compétitif en permettant l’implantation de nouvelles entreprises aux enjeux notamment de transition énergétique.
Marseille plus : il y a aussi un tissu économique très dense sur deux sites.
Sur les bassins Est et Ouest sont implantées 450 entreprises qui ont toutes des objectifs communs : leur développement, tout en ayant une politique de protection de l’environnement. Le but de la région et effectivement de soutenir les entreprises qui sont en synergie avec les objectifs de notre collectivité notamment sur le plan climat c’est ce que nous avons commencé à faire des 2019 avec le GPMM, les armateurs et la mise en place du plan Escale zéro fumée
Marseille plus : dès le départ, quel était votre objectif ?
Je souhaite, et j’ai commencé, à rencontrer tous les acteurs de la filière maritime à savoir : les armateurs, l’UMF (l’union maritime et fluvial), les industriels, le club des croisiéristes. Son président, Jean Francois Suhas m’a en l’occurrence exprimé les problématiques liées à la ville de Marseille. Je vais entreprendre un travail de proximité avec chacun d’eux de manière à pouvoir établir dans sa globalité leurs besoins et leurs enjeux, avoir plus de concertation et d’efficacité. Il faut dans ce contexte jouer collectif. C’est à mon sens indispensable car il y a des objectifs communs et les enjeux sont colossaux.
Marseille plus : quels sont les différents enjeux précisément ?
Ce sont des enjeux distincts, en terme de report modal, de foncier et de transition écologique. Notre ambition et que le port devienne une référence en terme de croissance et de lutte contre la pollution.
Marseille plus : pourriez-vous nous évoquer le dispositif escale zéro fumée mis en place en 2019 ?
Ce plan mis en place par la Région Sud sous l’impulsion de son président Renaud Muselier est un travail réalisé collectivement par la collectivité, les armateurs et le GPMM. Les investissements financiers de chacun des partenaires sont la preuve de leur volonté d’avoir une politique plus vertueuse en matière environnementale. C’est une enveloppe de 31 millions d’euros de la Région qui a été allouée pour l’électrification à quai sur les trois grands ports : Marseille, Toulon et Nice afin que les Ferry puisse se connecter. Les modifications nécessaires ont été réalisés à la fois par le grand port mais aussi les armateurs. Je peux vous dire que d’ici 2023 ce sera l’ensemble des Ferry qui seront connectes à l’électricité et d’ici 2025 les navires de croisières.
Marseille plus : sur beaucoup de sujets le port apparaît précurseur. C’est un atout ?
Le port de Marseille est en effet leader en Méditerranée en matière de lutte contre la pollution et en avance sur la réglementation demandée à être appliquée en Méditerranée au niveau de l’organisation maritime internationale. L’atout, est qu’une nouvelle fois la lumière est mise sur notre territoire en terme d’innovation notamment en matière environnementale.
Marseille plus : le Blue maritime Summit n’a-t-il pas joué un rôle majeur en ce sens ?
On peut s’en féliciter. Grâce à la première édition, déjà des engagements avaient été pris et respectés. Avec cette deuxième édition, trois accords inédits ont été signé en présence du ministre de la mer pour réduire l’impact environnemental. C’est tout d’abord une charte de la croisière durable en Méditerranée. Cela va au-delà du règlement en vigueur sur la qualité de l’air avec une ambition d’aller vers la zone zéro émission. C’est également une convention de partenariat portant sur des études des émissions de pollution atmosphérique des navires de commerce en Méditerranée. Enfin c’est une convention sur l’engagement des acteurs portuaires pour le partage et la transparence des actions en faveur de la qualité de l’air et du climat dans la région. Les acteurs concernés qui était tous présents ont pu formaliser ces engagements.
Marseille plus : en pleine crise de l’énergie du à la guerre en Ukraine, le port jouer un rôle actif et même très précieux. Pourriez-vous nous l’expliquer ?
Le bassin ouest joue en effet un rôle majeur, notamment les infrastructures qui s’inscrivent dans la transition énergétique. La présence du terminal méthanier Elengy, 1er importateur de GNL, permettra à la France, grâce à son process de regazéification, d’être suffisamment approvisionnée pour l’hiver et de contribuer également à la solidarité énergétique européenne des pays ne disposant pas de terminal méthanier.
Marseille plus : autre volet majeur à votre sens le tourisme, n’est-ce pas.
Les touristes font rayonner le territoire. Cela représente un attrait indéniable pour la ville. Les enjeux sont multiples en terme à la fois de commerce d’économie d’emplois mais aussi d’attractivité.
Marseille plus : enfin, évoquant ce câble sous-marin avec là aussi des enjeux considérables.
Ce câble de fibre optique, de 45 000 km qui est le plus long du monde, permet de relier trois continents, et à l’Afrique de mieux se connecter. Pour Marseille et sa région être le 7eme hub mondiale avec quatre data Center un est un atout considérable pour l’attractivité économique. En ce qui concerne l’Afrique il ne faut pas oublier que Marseille est la porte de la Méditerranée et que le potentiel économique de ce continent avec le boom du numérique qui se présentera dans quelques années, est un potentiel de développement économique, est source de croissance, à la fois pour nos entreprises mais également pour des échanges de coopération. C’est une source d’attractivité dont il ne faut surtout pas négliger l’impact…
Propos recueillis par
Jean-Pierre Enaut