
Que la montagne est belle !
Soucieux de valoriser les territoires alpins et de leur offrir un avenir radieux, la Région Sud, à l’initiative de son président Renaud Muselier, a organisé le 9 mars 2023, à l’Hôtel de Région à Marseille, un événement exceptionnel rassemblant un large éventail d’acteurs s’engageant en faveur de la préservation et de l’adaptation des territoires face aux changement climatique.
Quel écrin magnifique avec des paysages naturels hors du commun, une biodiversité rare et zéro pic de pollution ! Face au réchauffement climatique et ses conséquences dramatiques et notamment la sécheresse qui sévit actuellement, la Région Sud souhaite anticiper. C’est le sens de l’action menée avec l’opération «Altitude 1023, Ecrivons le futur de nos montagnes.»
Indubitablement, Renaud Muselier, son président, voue un amour incommensurable à cette terre. «Nous avons des atouts multiples avec cet or blanc sur nos montagnes mais aussi des problèmes inhérents liés avec le manque d’eau. Comment doit t-on se projeter pour l’avenir. Nous avons décidé de mettre tout le monde autour de la table, de bâtir une stratégie, de travailler sur le sujet avec des personnes compétentes.»
Un territoire exceptionnel
Le secteur alpin avec ses trois départements est particulièrement important avec 12 000 km2 soit 65% de la superficie de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. C’est le second massif de France et ainsi la seconde destination française de montagne. C’est 15% de l’activité de la montagne française.
Les Alpes du Sud, dénombrent pas moins de soixante cinq stations et centres de ski et génèrent plus de 15 000 emplois directs et indirects de par son activité hivernale. «Cela représente 1,8 milliard d’euros de consommation touristique et 30 millions de nuitées touristiques par an», précise François de Canson, président du Comité Régional du Tourisme.
Alors que les sports d’hiver font vivre directement plus de 200 000 personnes en France et attirent plus de 2 millions de touristes chaque hiver, ce secteur s’avère attractif mais néanmoins fragile.
Une intention de candidature
La Région Sud a initié une intention de candidature pour les Jeux Olympiques d’hiver. Elle a pour objectif de parachever le modèle de développement raisonné de la montagne depuis 2016 avec le vote du premier budget 100% vert d’Europe.
Le rendez-vous Altitude est ainsi l’opportunité d’échanger sur les défis climatiques auxquels sont confrontés les Alpes du Sud. C’est aussi la possibilité de prendre conscience de l’importance de la préservation des territoires de montagne et des espaces valléens et de trouver des solutions pour les protéger durablement.
Enfin, cet événement de grande ampleur doit permettre d’améliorer la réflexion et la recherche de solutions concrètes pour le développement des Alpes du Sud. «Nous avons désiré associer tous les acteurs concernés, à savoir les élus, les chambres consulaires, les sportifs émérites, les dirigeants, les citoyens dans cette perspective», a confié Renaud Muselier.
Une pluralité d’interventions
Lors du lancement de cet événement, un large éventail de personnalités se sont exprimés au fil de la soirée et tout d’abord Carlo Carmagnola, expert CNRS, Météo France qui a évoqué avec lucidité l’avenir de la montagne. «L’étude a porté au départ sur 48 stations des Alpes du Sud. Il y aura toujours du ski en 2050 mais cela dépendra de l’endroit.» Après 2050, cela dépendra des choix politiques car il y aura une augmentation de 4° au niveau planétaire. Il y aura selon des scénarios différents, certains dramatiques d’autres moins. Autre problème qui se pose par nature, celui plus aigu de l’enneigement. Les conditions d’exploitation sont amenés à se répéter une année sur deux. Cela dépend pour lui de la situation avec un niveau d’intensité et de rythme différent.
Les sportifs sont très enthousiastes à l’image de Christine Rossi, ancienne championne de ski acrobatique, lauréate à Calgari en 1998 ou encore Pierre Valtier, lauréat aux JO en snowboard. «L’avenir n’est pas forcément radieux avec le manteau neigeux que nous avons à présent. S’ajoutent à cela les hivers sans neige, la sécheresse. Mais c’est dans l’adversité que nous pouvons trouver un salut», a t-il estimé. Puis il a souligné : «Je ne dirai jamais non à un projet impossible.»
Une spécificité : les Alpes de Haute Provence
Si les difficultés sont moindres dans les départements des Hautes Alpes et des Alpes Maritimes, il existe plusieurs contraintes mais aussi diverses spécificités dans celui des Alpes de Haute Provence. «Nous devons tout d’abord développer les activités, été et hiver, et les diversifier», a affirmé Eliane Bareille, présidente du Conseil départemental. «Nous avons également un enjeu économique avec l’Espace lumière La Foux d’Allos et Praloup. «Notre objectif est de fusionner les stations et de moderniser ces deux sites. Il existe deux syndicats de montagne, Il s’agit d’en créer un seule et d’avoir une seule entité avec 180 pistes cyclables», a t-elle rajouté.
La mobilité, un élément clé
Pour Arnaud Murgia, maire de Briançon, l’un des éléments clés est l’aménagement des stations et à travers cela la mobilité et l’accès à ces sites. L’un des sujets majeurs demeure le développement routier mais aussi le développement ferroviaire avec des trajets de deux heures de plus qu’en voiture. «Nous devons penser le projet en termes d’infrastructures durables», a t-il souligné.
De son côté, Pierre Vollaire, maire des Orres, vice-président de l’association nationale des maires de stations de montagne, a considéré qu’il existe trois axes essentiels à étudier. «Nous devons tout d’abord nous adapter en étudiant les investissement par rapport à l’activité ski. Nous devons également lutter contre le réchauffement climatique avec un développement des actions pour baisser la consommation d’énergie et les gaz à effet de serre. Enfin, nous devons renforcer nos valeurs fondamentales et sociétales à savoir respect de soi et excellence».
L’objectif est pour lui d’examiner l’évolution et de mettre en place les outils innovants avec la Région et les communautés de communes.
De son côté, le Sous-Préfet des Alpes de Haute Provence a mis en exergue la nécessité de mettre en place un tourisme des quatre saisons. «Nous devons accompagner les territoires de montagne vers une offre plus résiliente et durable.»
Contrats stations 2030
Grâce aux contrats Stations 2030 ainsi qu’aux dispositifs Espaces valléens dans le cadre de la convention interrégionale du Massif des Alpes 2021-2027, la Région Sud agit concrètement pour le développement des domaines skiables et des vallées attenantes. Si les sports d’hiver demeurent le principal moteur économique, il s’agit d’inscrire les stations dans une trajectoire d’évolution de leur modèle économique, social, touristique et énergétique pour développer une activité des quatre saisons. En 2021 et en 2022, vingt territoires Espaces valléens ont pu bénéficier de 4,6 M€ pour développer 137 opérations.
Un doublement des investissements
La Région entend doubler son investissement pour la montagne de 100 à 200 millions d’euros. «Ce sera ainsi 100 millions supplémentaires pour accompagner nos stations de montagne mais aussi 100 m€ en soutien aux vallées de montagne», a rappelé Renaud Muselier. Trois axes ont été définis. Il s’agit tout d’abord de moderniser les équipements et remontées mécaniques, notamment la phase 1 de l’ascenseur valléen du Sauze, le renouvellement des dameuses à Réallon, Serre Chevalier ou Vallouise. Autre objectif, diversifier l’offre touristique avec un tourisme raisonné et mieux réparti sur l’ensemble de l’année. Parmi les projets financés, figurent entre autres la base nautique à Isola 2000 ou les tyroliennes à Orcières. Enfin, il s’agit aussi d’innover pour l’environnement.
Afin de préserver un massif sans aucun pic de pollution, ce plan montagne sera composé de projets responsables pour la neutralité carbone dans les domaines des Alpes du Sud en 2030. «Nous avons financé entre autres le développement de la dameuse à énergie électrique, la rénovation énergétique de vilalges de vacances dans le Champsaur», a évoqué Renaud Muselier.
Des projets tangibles
De nombreux investissements ont été réalisés pour la montagne ces dernières années, notamment en maière de transport. Ce sont vingt lignes de bus qui ont été mises en place pour accéder aux stations grâce au réseau de transport Zou. Prochainement diverses actions seront entreprises comme l’optimisation des réseaux de neige de culture à Auron dans les Alpes Maritimes, le stade de biathlon (ski de fond et tir) à Ceillac dans le Queyras ou encor ele ploe ludo sportif, un projet exceptionnel réunissant sport aquatiques et sports aériens dans l’espace valléen du Pays Serre ponçon Ubaye Durance.
Les divers échanges amèneront à créer des ateliers thématiques autour de plusieurs axes distincts à savoir la mobilité, la cohésion sociale, l’hébergement et le tourisme. Pour réfléchir ensemble au futur des superbes montagnes, une 2ème édition d’Altitude 2023 sera organisée dans quelques mois.