

Le cinéma Prado a organisé, le 14 septembre 2023, une série d’avant-premières d’un film très attendu «Une année difficile», le nouvel opus du duo Olivier Nakache et Eric Toledano, auteur de plusieurs succès dont Intouchables et Le sens de la fête. L’un des deux réalisateurs, Eric Toledano était présent aux côtés des comédiens, Noémie Merlant et Jonathan Cohen, pour évoquer cette comédie sociale désenchantée.
La période est étrange. C’est le moins que l’on puisse dire! Olivier Nackache et Eric Toledano, les deux réalisateurs d’Intouchables, ont, suite au confinement qui a paralysé la France, souhaité se pencher sur deux anti-héros, deux êtres frappés par le surendettement. «Nous avions besoin de sortir et de raconter une époque», a relaté Eric Toledano au cinéma Prado, en prélude aux deux avant premières organisés pour la présentation du film Une année difficile.
A l’instar de comédies italiennes des années soixante, le nouveau long métrage des réalisateurs du film Le sens de la fête avec un inoubliable Jean-Pierre Bacri racontent donc les aventures d’Albert et de Bruno. Tous deux sont surendettés et en bout de course. C’est dans le chemin associatif qu’ils empruntent ensemble qu’ils croisent des jeunes militants écolos. Plus attirés par la bière et les chips gratuites que par leurs arguments, ils vont peu à peu intégrer le mouvement sans conviction… «Nous avons procédé par petits mouvements pour faire bouger le curseur», explique Eric Toledano avec, à ses côtés, deux des comédiens principaux, Noémie Merlant et Jonathan Cohen.
Le propos est intéressant: certains veulent sauver la planète, d’autres se sauver eux même. Et, au fil de ce récit débridé, les comédiens s’en donnent à cœur joie. Le film aborde des thèmes aussi difficiles que le surendettement, la société de consommation avec la folie dévastatrice du Black Friday, la protection de la planète et le réchauffement climatique.
Si encore une fois, les deux réalisateurs mettent en avant deux protagonistes, incarnés avec brio par Pio Marmaï et Jonathan Cohen, c’est une femme qui au cœur de ce récit assez désespéré, la charmante Noémie Merlant qui fait preuve d’abattage. «Le texte était bien écrit, les dialogues ciselés et les situations fortes. Nous n’avons pas beaucoup improvisés. C’est un grand cinéma qui rassemble. J’ai été fière de participer à ce casting»
Au cœur de ce histoire mouvementé, se trouvent en fait pour la majeure partie des jeunes et souvent des femmes. «C’est un film sur l’engagement, la citoyenneté. J’avais envie d’y participer. Elles sont souvent décrites comme des caricatures. Là, c’est loin d’être le cas», évoque Noémie Merlant. «Et les jeunes ont envie de trouver des solutions, Ils sont plein de contradictions mais ont toujours envie de faire bouger les choses», rajoute t-elle.
Jonathan Cohen a été enthousiaste: «Nous avons été heureux de participer à ce questionnement où il ya une véritable prise de conscience de participer au monde de demain. Je rêvais de travailler avec Olivier Nackache et Eric Toledano»
Le film tourne savamment en dérision l’activisme des militants mais aussi des sujets sensibles comme le surendettement et de personnes qui vivent le plus souvent en marger pour tenter de sortir par tous les moyens. «Chacun en prend pour son grade. Il y a un véritable processus de distanciation» estime Eric Toledano. Les deux auteurs font le choix délibéré de l’humour pour dédramatiser. Ce n’est pas toujours réussi car les personnages sont vraiment en galère, les situations noires. Certaines scènes sont judicieuses comme celle avec la toujours exquise Danièle Lebrun.
Cette comédie sociale trouve toutefois le ton juste grace à son trio de comédiens et en particulier Noémie Merlant qui réussit à avoir sa place et incarne avec une grande fraîcheur cette passionnata.
Jean-Pierre Enaut