
Une visite passionnante et didactique du Musée d’art contemporain de Marseille
Le Musée d’art contemporain (MAC) de Marseille avait arrêté son activité en 2019. Il a depuis été rénové et et rouvert 2023. Le Syndicat des Architectes, présidé par Maxime Repaux, dirigeant de BAM, a organisé, le 14 juin 2023, une visite de cet édifice en présence de professionnels (architectes, urbanistes) et la participation exceptionnelle du Consul général d’Algérie à Marseille.
C’est l’un des édifices qui manque le plus aux Marseillais et aux personnes éprises d’art contemporain. Depuis la dernière exposition en avril 2019, avec les œuvres des diplômés de l’école d’art, le Musée d’art contemporain (MAC) de Marseille avait fermé ses portes pour travaux. Il devait faire l’objet d’un vaste programme de rénovation à partir de 2020. Cependant la détection d’amiante dans un premier temps, puis la défaillance d’une entreprise de gros oeuvre dans un second ont considérablement rallongé les délais de ce chantier à 4,5 M€ HT.
Pour rappel, en 2018, une consultation a été lancée pour la rénovation thermique et muséographique.
L’agence d’architecture BAM, dirigée par Maxime Repaux et Frédéric Roustan l’a emporté. « Le projet portait à l’origine sur la remise aux normes, la conservation des œuvres et le contrôle hydrothermique. A cela, s’est greffée la réfection du hall d’entrée », explique Maxime Repaux.
A droite de l’entrée, se trouvait auparavant un réseau de climatisation perpendiculaire aux alvéoles. «Nous avons mis en place une refonte du système de distribution désormais dans l’axe des alvéoles. Cela donne plus de hauteur et aussi plus d’ampleur à cet espace », précise l’architecte.
Le programme de réhabilitation et d’extension du MAC a visé à redéfinir la muséographie et la conception des systèmes énergétiques et climatiques permettant une bonne conservation des œuvres.
«Notre première intention a été de reconfigurer le hall et la séquence d’entrée pour donner plus de présence et de visibilité au MAC avec une démolition et une reconstruction du hall et un doublement de sa hauteur, ce qui permet à la fois de recevoir les grandes œuvres et de redéfinir la séquence d’entrée et de créer un roof top au dessus du hall», explique l’architecte.
Le hall d’entrée a ainsi été reconstruit : il est deux fois plus haut afin de donner au musée une nouvelle identité, pour permettre l’exposition de grandes œuvres, mais aussi pour offrir une toiture terrasse accessible au public permettant d’accueillir des évènements, ainsi qu’un nouveau système de distribution de la climatisation conforme aux normes hygrothermiques « musée de France » pour la préservation des œuvres.
«Notre seconde intention a été de renouveler le lien historique, fonctionnel et symbolique entre le musée et le jardin des sculptures en créant une passerelle de liaison entre ces deux espaces publics ce qui permet de redonner une visibilité du musée depuis le jardin», assure l’architecte.
Ce hall d’accueil avec 300 m2 est à l’échelle du musée qui dispose de 2 700 m2 de salles d’exposition. « L’objectif était de donner de la transparence et une ouverture visuelle sur le jardin des sculptures de Bonneveine », poursuit Maxime Repaux. Un projet d’atelier de sculpture, destiné à sensibiliser le grand public à l’art, avec des sessions de formation et des stages a même été évoqué. Cette initiative pourrait s’inscrire dans le cadre d’un événement triennal sur l’art contemporain, sur le thème des jardins et des sculptures.
La relation entre le musée et les jardins s’effectuera grâce à une coursive qui mène à un rooftop de 300 m2. Doté d’un bar pour de la petite restauration, il accueillir 500 personnes dans le cadre de vernissage d’exposition ou de spectacles. « Il s’agit là de pouvoir attirer le public visitant le parc dans le musée via le rooftop », explique Maxime Repaux.
L’auditorium d’une capacité de 170 fauteuils est désormais conforme aux normes sécurité incendie et PMR (personnes à mobilité réduite). Cette salle et la bibliothèque représentent toutes deux 300 m2.
Le projet vise à établir une relation visuelle entre le hall et la bibliothèque au travers de trois grandes baies vitrées. L’aménagement intérieur de la bibliothèque a été conçu avec du mobilier nouveau et un éclairage plus approprié.
L’agence BAM s’est peu à peu spécialisée dans ce type de projets. Elle vient d’obtenir le marché de 4M€ de la rénovation énergétique du Crédit municipal à Marseille. « Nous participons actuellement au concours international ouvert pour l’extension du musée d’archéologie de Carthage en Tunisie», se félicite Maxime Repaux.
A ce jour, le marché du MAC représente l’un des plus importants de l’agence. Le travail porte principalement sur la muséographie, l’isolation thermique, la refonte du traitement thermique et du chauffage. Au dela de la nature du travail, Maxime Repaux s’est réjoui de la performance du projet de 3 200 m2 en terme de gestion.« La moyenne en France des rénovations de musées se situe à 4 500 €/m2. Notre action sur le Musée d’art contemporain de Marseille a représenté seulement 1 400 €/ m2.»
Un appel d’offre à venir pour le MAC café
En parallèle du MAC, le café attenant fera l’objet d’un nouvel appel d’offres. Deux hypothèses sont pour l’heure envisagées. Les travaux pourraient être réalisés par la Ville et le lieu donné en gestion à un restaurateur pour une cuisine bio avec des produits locaux. Autre possibilité : confier les travaux à un prestataire privé. Les études de faisabilité sont en cours. « La surface du restaurant pourrait être doublée, passant de 120 à 240 m2 », indique Maxime Repaux.